toujours penser à fesser
varger pis slugger
pis crisser des bines
pis sacrer des volées
pis des coups de genoux dans les gosses
pis donner des pichenottes
pis des jambettes
pis crinquer des poings su’a yeule
de tes amis
des osties d’fendants du hockey
du pédo qui donne les cours d’édu
d’la charrue qui t’a dompé
pis
être prêt n’importe quand
pour n’importe quoi
tu l’sais pas
du tape électrique
une chaîne de bécyk
spiker tes jointures avec tes clés
trafiquer tes stylos pour qu’y piquent
pis crisser la marde dans l’parking
de la poly fight club
toé contre le tas
fesser dans l’gras
du gros Dubé qui braille
d’la slush aux fraises du nez
le lâcher juste
quand c’est une flaque
cric et crac
pis tes poings dans les murs
de ta chambre
endurer ton casier
dans les ailes en polymère
de ton char
fesser sur les couches
d’os qui s’effritent
qui se font
qui se fondent en jointures de béton armé
jusqu’à ce que ta peau d’main fende
pis toujours les poings serrés
sur le manche du batte de baseball
combien tu penses
tu peux en enligner
des boîtes à malle su’a 269
entre 1 et 5 du mat’
des windshire
des chiens au bout d’leur chaîne
fesser
pis vouloir être Rocky III
pis rêver de poings
américains en or
pis de matraques noires
achetées à Au Lac Tcherde
pis t’imaginer comme pour de vrai
débarquer quelque part
pis fesser sur
toute ce qui peut péter
ou ben avoir crissement mal
Alexandre Dostie est un Beauceron exilé à Trois-Rivières. Il improvise en spoken word avec le Duo Camaro, genre de rock low-fi à géométrie variable. Il gueule aussi avec FullBlood, band d’horreur punk francophone au parcours accidenté. En 2013, Alexandre ramasse la mention au prix Clément-Marchand pour Bleu d’exhaust, une collection de divers poèmes. Son premier recueil de poésie, Shenley, paraît aux Éditions de l’Écrou en 2014. Le recueil obtient la deuxième place au concours de talent de la foire agricole de Saint-Honoré-de-Shenley, derrière la prestation sans fautes d’une toune de Shania Twain. En 2021, il remporte le prestigieux prix du Créateur de l'année en Mauricie, remis par le CALQ. Que ceux qui m'aiment me sauvent, son plus récent recueil, paraît en juin 2022. Le Beauceron écrit aussi pour l’écran et développe présentement à la Coop Vidéo de Montréal un premier long métrage intitulé SHAPE.
Sa vision de la poésie
Des mots qui n’attendent rien de moi. Des images qui n’attendent que moi.
Everything means nothing to me.
– Elliott Smith
Autodidacte fini, masturbateur compulsif, éternel incompris, poète, peintre, musicien, réalisateur, photographe, éditeur… punk. Billy Childish est une figure légendaire de l’underground britannique.
Sa poésie, crue et croche, tordue par la dyslexie et bourrée de fautes, est un miroir. Un rétroviseur (craqué) où il confesse sa vie d’artiste et son passé difficile. Des abus qu’il a vécus enfant, de son alcoolisme et de ses multiples aventures, le poète ne censure rien et se jette lui-même dans la gueule de ses détracteurs.
La liberté que s’accorde Billy Childish dans l’acte d’écrire me fascine. Sous ses vers provocateurs se cache chaque fois l’humble vérité d’un souvenir marqué au fer. Childish comme un poète conscient de son pouvoir, incontrôlable.
i told sanchia
‘i dont love you i hate you’
n she was half asleep from the bite
befor
lien on the sofa
n i felt her arse n my cock was up
hard n i felt the rough hairs that
poke out the leg of her pantys
n i rubbed rite between there where
its warm n she reached up with her hand
half asleep n not thinking
she pulled me down beside her
n it was made to happen but it diddnt
n i told her i loved her
n i diddnt hate her
n she stopped crying
n everyboidy in the world who wanted
one thing but got something else started
crying n it was hiting the windscreen
n it put my cigeret out
Extrait de « i dont love you i hate you »
The First Creatcher Is Jellosey
Pas arrêtable de 1992 à 1999, Larouche publie coup sur coup trois recueils de poésie comme autant de frappes au corps d’un lectorat qui dépasse les cercles d’initiés. Tissée à même le joual, l’œuvre du poète rappelle la pertinence de notre slang dans la poésie québécoise.
Le verbe cadencé, comme un cheval de course tantôt fou, tantôt malade, toujours assoiffé, la poésie orale de Larouche a grimpé tôt sur scène pour offrir plusieurs performances enlevantes. En 2007, le poète remporte le tout premier Grand Slam National de Poésie et représente le Québec à la Coupe du Monde de Slam Poésie, en France.
La poésie de Larouche c’est, pour moi, le couteau sur la table pis le cœur entre les dents. C’est l’absence de compromis dans un moment qui force la vie et qui tente la mort.
she waz oh
so marvelous
le cheveu orangé
la peau hâlée
bronzée d’après-midi à squeeger
était clean d’héroïne
quoique transpirant un relent d’acide
délectable
dans ses prunelles bleutées
j’jacassais avec son chum
d’Henri Rollins de brosses au rhum
i’ jouait au tough
j’jouais au placide
a restait coite
levant l’menton dans l’vent
en pose de déesse de band d’parc
a respirait
a souriait un peu croche
mon éolienne ivresse
ma junkie girl
Extrait de « Fleur à épines »
Dacnomanie